MSF reprend ses opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale
Le 12 novembre 2025, Médecins Sans Frontières a repris ses activités de recherche et de sauvetage (Search and Rescue, ou SAR) en Méditerranée centrale, près d’un an après avoir été contrainte de mettre fin à ses opérations avec son dernier navire de sauvetage, le Geo Barents. L’organisation déploie désormais son nouveau navire de sauvetage, Oyvon, ce qui signifie « espoir pour l’île » en norvégien. Le navire a été réaménagé et équipé pour mener des opérations SAR sur l’une des routes migratoires les plus meurtrières au monde. Oyvon servait auparavant de navire-ambulance en Norvège.
Nous sommes revenus pour accomplir notre devoir de sauvetage envers les personnes en détresse en mer, contraintes d’emprunter des embarcations inadaptées, après avoir enduré des conditions épouvantables et inhumaines, la détention, les abus et l’extorsion en Libye.
Des politiques restrictives ont rendu les opérations SAR presque impossibles
MSF a dû mettre fin aux activités de sauvetage du Geo Barents en décembre 2024, après plus de deux ans de travail sous des lois et politiques italiennes restrictives, notamment le décret Piantedosi et la pratique des ports éloignés (attribuer intentionnellement des ports très éloignés aux navires de sauvetage afin de réduire leur temps réel en mer et d’augmenter les coûts de carburant). Ces règles restrictives ont rendu impossible le déploiement du Geo Barents ; malgré une capacité maximale de 700 personnes, le navire était régulièrement envoyé vers des ports lointains alors qu’il ne transportait qu’environ 50 rescapés.
La décision de MSF de déployer un navire plus petit et plus rapide est une réponse stratégique aux lois et pratiques restrictives imposées par le gouvernement italien, qui ciblent spécifiquement les navires humanitaires de sauvetage.
En revenant en Méditerranée centrale, Médecins Sans Frontières souhaite également témoigner et documenter ce que vivent les personnes qui fuient la Libye, et recueillir leurs récits concernant les interceptions violentes en mer par les garde-côtes libyens et d’autres acteurs, ainsi que leur renvoi forcé en Libye—une pratique reconnue par les tribunaux italiens et les instances de l’ONU comme une violation du droit maritime international, des droits humains et du droit des réfugiés.
Ces derniers mois, on observe une augmentation des attaques violentes dans les eaux internationales de la part des garde-côtes libyens et de groupes armés contre les personnes traversant la Méditerranée, ainsi que contre les navires humanitaires de sauvetage.
L’équipe MSF à bord comprend notamment un médecin et un infirmier, qui fournissent des soins médicaux dans des situations mettant la vie en danger et traitent des personnes souffrant d’hypothermie, d’inhalation de carburant, de brûlures causées par le carburant, ainsi que de blessures pouvant résulter du cycle de mauvais traitements et de détention en Libye.